Faut-il jeter l’ego ?

Publié le par Gaetanne42

 

  4782543298_0a94d4fbca.jpg     Il est de bon ton, dans notre société encore très judéo-chrétienne, le faire taire, réprimer son ego, sans comprendre les dangers du "refoulement" ainsi créé. L’ego est une brique indispensable à la construction d’une personnalité équilibrée.

 

Les enseignants spirituels nous disent que l’ego est la source des souffrances & des conflits. Les enseignants en développement personnel le voient aussi comme le principal obstacle à la paix & l’harmonie avec nous-mêmes ou avec l’autre. Il nous semble alors que, sans ego, nous (et le reste du monde), nous porterions beaucoup mieux. "C’est ton ego!": ce sont des mots pleins d’une évidente réprobation. L’ego, c’est pas bien, c’est enflé, c’est inadéquat, c’est source de problèmes… Et nous voici partis en lutte contre notre ego, rêvant de vivre sans lui…

 

Pour les psychologues, cependant, vivre sans ego est impossible. L’ego est la fonction exécutive de la psyché, ce qui, en clair, veut dire que sans ego, je ne peux ni décider, ni exécuter. Sans ego, je ne peux pas agir. L’ego est ce qui me permet de décider et d’agir. Même le sage qui se laisse guider par Dieu a un ego. Cet ego a décidé, en toute conscience, de se laisser guider par Dieu.

 

Ego conscient.

 

Dans les siècles passés, nombre de chercheurs spirituels ont essayé de toutes leurs forces de vaincre le corps, le flagellant et le torturant parfois sans répit dans leur immense désir d’atteindre leur but. Ne recommençons pas, dans ce siècle tout neuf, à imiter ces pratiques avec l’ego. L’ego n’est pas mauvais, l’ego n’est pas à combattre. D’ailleurs nous renforçons tout ce contre quoi nous luttons ! Cela disparaît dans l’inconscient, devient tordu et malsain.

 

Ne partons pas en guerre contre notre ego. Comme tout le reste de nous-mêmes il est à éveiller, à aimer, à rendre conscient. Bruno Bettleheim nous a apporté le concept du cœur conscient, Louise L. Hay nous parle de corps conscient, l’ego conscient entre à son tour en scène.

 

Nous devons ce concept à Hal & Sidra Stone qui ont développé la Psychologie des subpersonnalités et de l’ego conscient. Il ne s’agit plus de tuer l’ego ou de le rejeter mais de l’éveiller aux polarités qui vivent en nous.

 

Notre ego vient d’un conditionnement.

 

Ce que la plupart des gens appellent ego est, en fait, un groupe de subpersonnalités avec lesquelles chacun de nous a grandi et qui détermine notre façon de sentir, penser et percevoir la réalité. Si quelqu’un a grandi dans une famille qui privilégiait les aspects mentaux & intellectuels, il peut s’être identifié à ces aspects. Ceux-ci sont alors devenus ses subpersonnalités principales. D’autres aspects comme l’impersonnel, le contrôle et le perfectionniste les accompagnent probablement. L’ego est alors ce groupe de "moi" avec lequel cette personne s’est identifiée au cours de son processus de croissance.

 

Si nous nous référons à cet ensemble de subpersonnalités automatiques, l’ego est effectivement ce dont nous devons nous séparer pour devenir nous-mêmes. Le considérer comme négatif, cependant, est triste. Ce groupe de subpersonnalités, ces "moi", résultent du conditionnement qui a pris place au cours de notre chemin pour devenir adulte. Ils ont fait de leur mieux pour nous guider, nous garder en sécurité, nous protéger et nous permettre d’avoir du succès dans notre milieu familial & social. Ils nous ont permis de grandir et de survivre sur notre planète Terre.

 

Maintenant nous avons de nouvelles exigences, nous cherchons un nouveau développement. Nous rencontrons certains enseignements qui nous disent que le mental, l’arrogance, l’égoïsme, le sens de nous-mêmes sont des "faux-moi" ou appartiennent à l’ego négatif.

 

Rien dans la psyché n’est négatif ou positif.

 

Le mental est indispensable. Avoir à sa disposition un mental qui fonctionne bien est un atout, tant que nous ne sommes pas identifiés à lui. L’arrogance nous donne de l’assertivité & du pouvoir. L’égoïsme nous donne les limites nécessaires pour ne pas devenir victime. Le sens de soi-même donne le droit absolu & naturel de vivre, sans aucune condition. L’astuce est simplement d’apprendre comment ne pas être identifiés à ces parties. Le problème de l’identification, nous dit Hal Stone, est la clé pour comprendre la psyché. Dans la perspective de la théorie des subpersonnalités, chaque "moi" est un schéma énergétique. Aucun n’est bon ou mauvais. Il s’agit simplement de se séparer de ces "moi"

 

Aussi avons-nous développé une méthode, le "Voice Dialogue", pour faciliter cette séparation. L’ego conscient doit constamment apprendre à se tenir entre les opposés… et ils sont nombreux….

 

D’un côté se trouve le système primaire, de l’autre le système renié ou désavoué.

A chaque fois que vous jugez quelqu’un, vous avez à faire à une partie reniée. A chaque fois que vous êtes fascinés par quelqu’un également.

 

Ne rien enterrer.

 

Si vous êtes une personne spirituelle et que vous avez appris que la compassion est bien, vous allez continuellement essayer d’être une personne pleine de compassion. Vous allez alors enterrer votre "nature qui n’a pas de compassion". La compassion devient une partie primaire, en dessous va se trouver vos parties reniées : votre égoïsme, notre jugement, votre négativité. Cela ne va pas sentir bon. Si votre enseignant est identifié à sa partie spirituelle, il va vous reprocher votre arrogance et vous dire qu’elle fait partie de votre ego négatif. Vous allez alors chercher à vous en débarrasser.

 

Ou va-t-elle aller ? Dans l’immense réservoir des énergies reniées, celui qui permet aux psychothérapeutes d’avoir du travail pour l’éternité. Vous pouvez cacher l’arrogance, mais elle ne mourra pas. Elle va juste devenir souterraine. Dans nos rêves, nous découvrons ces très nombreuses énergies reniées qui nous poursuivent, nous terrifient et font de nous leurs victimes.

 

  

Une nouvelle approche : se désentifier.

 

L’approche de la Psychologie des subpersonnalités est différente. Nous allons parler à votre partie pleine de compassion. Vous pourrez apprendre d’elle, entendre sa voix, avoir du plaisir à la ressentir, mais il ne vous sera plus nécessaire de lui être identifié. Nous pourrons alors parler à l’autre côté, votre nature qui n’a pas de compassion. Ici vous pouvez vraiment avoir une surprise car plus vous essayez de vivre dans la lumière, plus l’ombre existe de l’autre côté. Il n’est pas nécessaire, non plus, d’être identifié à cette partie.

 

Dialoguer avec toutes les parties de nous-mêmes sans les juger.

 

Nous allons dire par exemple : "d’accord tu es plein d’arrogance. C’est une énergie, un de ces "moi" qui agit en dehors de ton contrôle. Laisse-moi parler à cette énergie. Cherche la place où tu as envie de placer cette énergie et laisse-moi dialoguer avec elle ".

 

Nous commençons à dialoguer avec ce "moi" arrogant. Nous découvrons qu’il donne beaucoup de pouvoir & d’autorité à la personne, qu’il est très en colère parce qu’il se sent détesté et haï, qu’il essaie sans cesse de sortir de la prison où le "moi" anti-arrogance cherche à l’enfermer. Nous revenons à la place de l’ego conscient, éventuellement nous allons de l’autre côté où nous parlons avec le moi spirituel ou la voix anti-arrogance, puis nous revenons de nouveau à l’ego conscient. La personne peut maintenant se tenir entre les opposés.

 

Se tenir entre les opposés.

 

La personne peut maintenant embrasser l’arrogance et en même temps l’anti-arrogance. Dans ce sens l’ego conscient est une recherche constante qui demande beaucoup de travail, car les opposés sont nombreux ! "Dieu" est multiple et se manifeste sous des formes & des énergies extrêmement différentes.

 

Pour les gens qui travaillent avec la Psychologie de l’ego conscient, la clé est d’embrasser les opposés. Ceci est un dur labeur, mais réaliser que toute forme concevable, qu’elle vienne de l’ombre ou de la plus haute expression de la lumière, est simplement une parte de nous-mêmes, est notre condition humaine et rien ne peut être tenu en dehors de cette équation.

 

L’ego, notre outil de travail.

 

L’ego n’est pas la bête noire, l’obstacle à abattre pour grandir et trouver notre dimension humaine & spirituelle. Il est notre point de départ et de compréhension. Il est notre outil de travail, un outil que nous allons, peu à peu éveiller et élargir, rendre conscient.

 

Si quelqu’un vous enseigne que vous devriez être compatissant et ne pas juger, cette personne est un enseignant spirituel. Dans une communauté spirituelle, pourquoi pas ? Si, par contre vous travaillez avec la voix du jugement puis avec la voix de la compassion, vous aidez l’ego conscient à émerger.

 

Dans un tel processus, la personne devient plus compatissante sans avoir besoin de règle ou de loi pour lui dire ce qu’elle est nécessaire qu’elle fasse. l’ego conscient amène automatiquement la compassion

 

Il est temps de montrer la différence entre enseigner et conduire une thérapie à partir d’une partie primaire analytique ou spirituelle. C’est une autre façon d’enseigner et de se développer.

 

 Cette manière différente embrasse, d’un côté le travail spirituel traditionnel et de l’autre, le travail psychologique. C’est une définition nouvelle et radicalement différente du développement personnel & de la spiritualité.

Publié dans Ainsi va la Vie...

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